La qualité des miels laisse franchement à désirer (Vidéo)

Comment reconnaître un bon miel d'un mauvais? Au prix? Un bio? Un miel d'artisan apiculteur? Nous avons décidé de mettre notre nez dans la ruche et de tester la qualité d'une dizaine de miels. Et il y a des mauvaises surprises.

Nous avons acheté 10 pots de miel, du moins cher (3,36 euros/kg) au plus cher (19,60 euros/kg). Il y a 3 miels génériques de la grande distribution, 3 miels bio, 2 miels régionaux, et 2 autres pris au hasard. Nous les avons confiés au CARI (Centre Apicole de Recherche et d'Information), le seul laboratoire accrédité en Belgique pour l'analyse de la qualité des miels. Premières impressions d'Etienne Bruneau, administrateur délégué du CARI : "Les résultats sont mauvais. J'étais même étonné de voir l'état de dégradation de certains miels". Etienne Bruneau est catégorique : notre pêche est vraiment décevante pour la plupart des miels. Pourquoi? "L'analyse confirme que le miel a été plus que chauffé, qu'il a été même pasteurisé, très souvent. Tous ses arômes un peu sympathiques ont disparu donc on a une espèce de matrice sucrée qui goûte le miel et qui correspond à la définition du miel. Point". Le meilleur des miels qui obtient deux étoiles sur trois est celui d'un apiculteur régional. C'est aussi le plus cher : 19 euros 60 le kilo. Au CARI, on estime qu'un miel de qualité devrait coûter entre et 10 et 12 euros le kilo. Alors, le prix, c'est déterminant ? "Non, certainement pas parce que naturellement vous avez toujours des fraudeurs qui achètent un miel "chinois" qui a été acheté à 2 euros, 2,50 euros le kilo et qui est revendu sous une étiquette à 12 euros".

Miel bio?

Si on ne peut pas se fier au prix alors le label bio, lui, devrait être un point de repère, non? Pour Etienne Bruneau, ce n'est pas le cas non plus : "L'abeille a fait du bon travail, le producteur a certainement fait du bon boulot aussi. Le gros problème c'est que, entre le producteur et le moment où vous achetez votre miel dans une grande surface, il y a toute une série d'étapes qui dégradent complètement le miel. Il a été chauffé, re-défigé. Il a été re-mélangé et il est resté très longtemps en stock quelque part".

Ceci n'est pas du miel

Les résultats sont donc décevants mais un miel a créé la surprise et pas une bonne surprise. Selon le CARI, le "Méli au citron" ne répond pas aux normes légales. La loi interdit tout ajout dans le miel. Précision : "C'est assez étonnant quand on voit que la loi interdit l'usage de tout mot à côté du mot "miel" et interdit aussi tout ajout dans le miel. "Miel au citron", je suis désolé donc pour moi, il ne peut pas porte la mention "miel". Ce n'est pas du miel et selon moi, le mot "miel" ne peut pas apparaître sur l'étiquette". Si, dans les composants mais c'est tout". Alors, le "Méli au citron" c'est du miel ou pas? Nous avons soumis ce pot de miel au SPF Economie, compétent en la matière. Là, après examen minutieux de l’étiquetage, le porte-parole a bien entendu remarqué l’ajout d’ingrédient "Arôme naturel goût citron 0,12%". L 'arrêté royal du 19 mars 2004 relatif au miel précise : " Le Miel ne doit avoir fait l’objet d’aucune addition de produits alimentaires, y compris les additifs alimentaires ". Alors, dans ce pot de Meli c’est du miel ? Réponse du porte-parole du SPF Economie : "Effectivement, on ne peut pas appeler cela "miel" si on a opéré un ajout, si on a enlevé quelque chose ou s'il y a une transformation qui a été effectuée. Mais en l'occurrence, on n'est pas dans le cas d'une mention "Miel" mais d'une mention "Miel au citron" ce qui est conforme par rapport au produit qui se trouve dans le pot". Surréaliste… voilà une affirmation comme on en rencontre seulement en Belgique. En effet , le "Méli au citron" n’est pas du miel... mais c’est du "miel au citron".

Perle du terroir

Pour le consommateur c'est vraiment très compliqué de distinguer le bon miel du mauvais. Une consolation tout de même : le CARI recommande tous les miels qui présentent le label "Perle du terroir" promotionné par l'APAQ-W.