L'allocution de Nicolas Sarkozy jeudi a toulons

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18 h 30 - "La peur est la principale menace qui pèse sur l'économie."

Nicolas Sarkozy s'exprime devant un parterre de personnalités, dont le Premier ministre François Fillon. "Une crise de confiance sans précédent ébranle l'économie mondiale. Des millions de petits épargnants dans le monde voient fondre leur patrimoine, des millions de retraités craignent pour leur retraite, ces millions de foyers modestes sont mis en difficulté, affirme-t-il en entame de son discours. Les Français ont peur, pour leurs économies, pour leur emploi, pour leur pouvoir d'achat."

"La peur est une souffrance, affirme-t-il. Quand on a peur, on n'a pas de rêves, on ne se projette pas dans l'avenir. La peur est la principale menace qui pèse sur l'économie. Il faut vaincre cette peur. On ne rétablira pas la confiance en mentant. La vérité, les Français la veulent."

"Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise n'est pas finie, que ses conséquences seront durables, que la France est trop engagée dans l'économie mondiale pour être abritée, poursuit le Président. La crise actuelle aura des conséquences sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat."

"La génération qui a vaincu le communisme a rêvé d'un monde où la mondialisation réglerait tous les problèmes. Ce rêve s'est brisé. C'est une certaine idée de la mondialisation qui s'achève avec la fin du capitalisme financier, renchérit Sarkozy. L'idée que les marchés ont toujours raison est une idée folle."

18 h 40 - "La moralisation du capitalisme financier est une priorité."

 

"Ce système où celui qui est responsable d'un désastre peut partir avec un parachute doré, où un trader peut faire perdre 5 milliards d'euros à sa banque sans que personne ne s'en aperçoive... ce système a créé des inégalités, a démoralisé les classes moyennes et a alimenté les spéculations. Mais ce système ce n'est pas l'économie de marché, ce n'est pas le capitalisme", assure le Président.

"L'économie de marché, c'est un marché régulé, le marché mis au service du développement, du marché, de tous. L'économie de marché, ce n'est pas la loi de la jungle. C'est la concurrence qui réduit les prix, qui élimine les rentes et qui profite à tous les consommateurs, explique Sarkozy. Ce n'est pas la primauté donnée aux spéculateurs, mais à l'entrepreneur. C'est la récompense du travail, de l'effort."

"Le capitalisme, c'est une éthique, c'est une morale, ce sont des institutions, insiste-t-il. La crise financière que nous connaissons aujourd'hui, c'est la crise d'un système qui s'est éloigné des valeurs les plus fondamentales."

"L'anticapitalisme n'offre aucune solution à la crise actuelle. Renouer avec le collectivisme serait une erreur historique. Mais ne rien faire, se contenter de mettre toutes les pertes à la charge du contribuable serait également une erreur historique. La crise actuelle doit nous inciter à refonder le capitalisme", lance-t-il.

"Il nous faut trouver un nouvel équilibre entre l'État et le marché. L'autorégulation, le laisser-faire, le marché tout puissant qui a toujours raison : c'est fini. Nous venons de passer à deux doigts de la catastrophe, reconnaît le Président. On ne peut pas prendre le risque de recommencer. La moralisation du capitalisme financier est une priorité."

18 h 50 - "Il faut réglementer les banques"

Concernant les rémunérations, le Président confie : "Ou bien les dirigeants se mettent d'accord, ou bien le gouvernement de la République réglementera avant la fin de l'année." "Leur rémunération doit être indexée sur les performances réelles de l'entreprise. Ils ne doivent pas pouvoir prétendre à un parachute doré lorsqu'ils ont commis des fautes. Si les dirigeants sont intéressés, les autres salariés de l'entreprise, notamment les plus modestes, doivent l'être aussi. Si les dirigeants ont des stock options, les autres salariés aussi. Ou à défaut d'un système d'intéressement. Principes simples, qui relèvent du bon sens, sur lesquels je ne transigerai pas", détaille-t-il. "On ne peut pas vouloir être très bien payé et ne pas assumer ses responsabilités. Personne ne pourrait accepter ce qui serait ni plus ni moins qu'une injustice de grande ampleur", insiste Sarkozy.

"Il faut réglementer les banques pour réguler le système. La crise que nous connaissons devrait amener à une restructuration de grande ampleur de tout le secteur bancaire. En France, l'État sera attentif et jouera un rôle actif." Il faut selon le Président "poser les questions qui fâchent, comme les paradis fiscaux, les ventes à découvert, ou la cotation en continu qui permet de vendre ou d'acheter à tout moment des actifs". "Nous allons décider de contrôler les agences de notation. Elles ont été défaillantes. Elles ne doivent pas échapper au contrôle de régulation. Il faut mettre un terme au désordre des monnaies, au coeur de la crise."

Il garantit qu'il "est nécessaire que les chefs d'État et de gouvernement concernés par la crise se réunissent avant la fin de l'année pour en tirer les leçons nécessaires". Selon lui, il faut "remettre à plat tout le système monétaire et financier mondial, comme Bretton Woods en 1944". "On ne peut pas penser le monde de demain avec les idées d'hier."

"J'appelle l'Europe à réfléchir sur sa capacité à faire face à l'urgence, à repenser ses règles, ses principes. L'Europe doit se donner les moyens d'agir, et non se condamner à subir. L'Europe doit engager une réflexion collective sur sa conception de la concurrence. C'est, à mes yeux, un moyen et non une fin." "Je sais que c'est difficile, glisse Sarkozy, parce que c'est 27 pays. Mais quand le monde change, l'Europe doit changer aussi." L'UE, selon lui, ne doit pas "se contenter d'être la variable d'ajustement des autres pays du monde".

19 heures - "Il n'existe aucune solution miracle."

Nicolas Sarkozy revient sur la situation des banques françaises. "Elles sont en mesure de traverser la crise. Les épargnants qui ont eu confiance dans nos banques ne seront pas trahis, tente-t-il de rassurer. L'État garantira la sécurité et la continuité du système bancaire et financier français. Je le dis avec la même détermination. Si les difficultés actuelles devaient entraîner une réduction du crédit, l'État interviendrait pour que les financements puissent être assurés."

"Bien que les ménages français soient beaucoup moins endettés qu'ailleurs, l'accès au logement va se complexifier. La loi pour la mobilisation sur le logement va être adoptée en urgence. Nous y ajouterons des modifications", confie le Président.

Selon lui, la relance de l'économie est "engagée". "Nous l'avons engagée avant tous les autres, avec les heures sup (...) ce qui nous a permis de mieux résister à la crise, affirme-t-il. Aujourd'hui, il faut du sang froid, se garder de réactions précipitées."

"Le monde change, nous devons changer avec lui, lance-t-il. La crise appelle à accélérer le rythme des réformes. Il n'existe aucune solution miracle qui permettrait aux Français d'échapper à la crise."

"Création du RSA, augmentation du minimum vieillesse..., énumère-t-il, mais la vérité, c'est que l'État ne peut pas indéfiniment financer ses dépenses par l'emprunt." "L'argent de l'État, c'est l'argent des Français. Les dépenses de l'État doivent donc diminuer. L'année prochaine, 30.600 emplois seront supprimés dans la fonction publique. La réforme de l'hôpital sera menée. Les fonctionnaires seront associés à la productivité de leur administration. Nous allons engager la deuxième étape de la réforme de l'État dès l'année prochaine", rappelle le Président.

 

"Le moment est venu de poser la question du nombre d'échelons des collectivités locales. Source d'inefficacité et de difficulté supplémentaire, précise-t-il. Ça fait trop longtemps qu'on en parle. Maintenant on va agir et décider."

"Je ne conduirai pas une politique d'austérité, qui conduirait à la récession. Notre objectif, c'est de rendre du pouvoir d'achat aux Français, non de leur en prendre. La France s'en sortira en investissant plus, dit Sarkozy. Si nous arrivons à diminuer le nombre d'échelons territoriaux, nous pourrons nous poser la question de la disparition de la taxe professionnelle. La France s'en sortira en travaillant davantage."

19 h 10 - "Il faut remettre l'esprit d'entreprise au coeur du système."

"Dans la situation actuelle, tout ce qui pourrait contribuer à alourdir le coût du travail serait suicidaire", affirme Nicolas Sarkozy sous les applaudissements. "Financer le RSA en taxant le travail aurait eu le même effet. J'assume, j'assume, la décision de taxer le RSA en taxant les revenus financiers qui, depuis des années, augmentent plus vite que les revenus du travail", insiste le chef de l'État.

"Nous sommes le gouvernement de tous les Français. Il faut remettre l'esprit d'entreprise au coeur du système. Tout a été fait pour empêcher les Français d'entreprendre. Il faut accorder une priorité à l'industrie au moment où l'étau de la finance se dessert."

 

"Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que nous passons d'un monde d'abondance à un monde de rareté", lance Sarkozy.

 

"L'épuisement à venir des ressources naturelles sera une préoccupation de tous les jours. Il va falloir payer plus cher le pétrole, le gaz, produire différemment, détaille le Président. Si l'on ne veut pas que des catastrophes écologiques débouchent sur des catastrophes humaines et politiques, il faut que chacun paie le juste prix de ce qu'il consomme. Dans le monde de demain, le principe pollueur payeur s'appliquera partout. Il faut davantage taxer la pollution. Indispensable pour inciter à des changements profonds."

 

"Il est exclu de renchérir le prix de grande consommation. Le système des bonus-malus a déplacé largement la demande vers des véhicules plus propres. L'extension du bonus-malus se fera dans la concertation, mais elle se fera, certifie le Président. Je prends l'engagement solennel que toutes les conclusions du Grenelle seront mises en oeuvre."

 

"Mon devoir, c'est de prendre les décisions, de les assumer tout de suite. Je crois à la croissance durable."

19 h 15 - "Nous devons précéder la marche du monde et non la suivre."

"Il ne s'agit pas de sacrifier l'avenir au présent, déclare Nicolas Sarkozy. Face à la crise, il y a l'attitude de bien rester caché, d'attendre que ça passe. On peut aussi profiter de la crise pour faire les réformes dont notre pays a besoin. Il y aura des mécontentements. Mais personne ne pourra dire que le gouvernement de la France n'a pas agi. De cette crise, on va faire une opportunité."

 

"Ce n'est pas parce que nous avons le nucléaire que l'on va être absents des nouvelles sources d'énergie. Nous allons remplacer les centrales nucléaires par des centrales de nouvelle génération, de façon accélérée, annonce le chef de l'État. L'investissement est au coeur de la stratégie économique de notre gouvernement."

 

"Tous ces défis sont immenses. Mais la France peut les relever, promet Sarkozy. J'ai confiance dans les Français. J'ai la certitude que nos réformes vont porter leurs fruits. Par notre travail, la France saura faire sa place dans le monde du XXIe siècle."

"Jamais depuis 1958 autant de changements n'ont été accomplis en si peu de temps. Quand la situation mondiale deviendra meilleure, nous tirerons les fruits de nos efforts, sur l'équilibre de nos finances publiques, sur l'emploi, sur le pouvoir d'achat. Je suis lucide sur la crise, mais optimiste. J'ai la conviction qu'il n'y a pas d'autres voies efficaces pour la France. Nous devons précéder la marche du monde et non la suivre. Ainsi, la France sera fidèle à son identité, à son histoire", conclut-il. 

 

Date de dernière mise à jour : vendredi, 02 juillet 2021

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