Jeudi, dans l'Ille-et-Vilaine et dans la Sarthe, les paysans ont distribué aux clients des supermarchés des tracts "Intox, la pénurie de beurre n'existe pas", dans lesquels est écrit, entre autres choses: "Si ce rayon est vide, c'est que ce magasin ne veut pas payer le beurre à son juste prix!"
Une vingtaine de producteurs laitiers d'Ille-et-Vilaine ont aussi mené une action jeudi au supermarché Cora de Pacé, dans la banlieue de Rennes, dont le rayon beurre était quasiment vide.
"Nous ne voulons pas être les boucs émissaires"
"Les explications affichées, qui pointent notamment une production insuffisante, ne nous plaisent pas. Nous sommes soumis à un contrat et nous le remplissons en fonction de ce que l'on nous donne le droit de faire", a déclaré Frédéric David, président de la section laitière à la FDSEA 35. "Nous ne voulons pas être les boucs émissaires des relations commerciales tendues entre transformateurs et distributeurs", a-t-il ajouté.
Une douzaine de producteurs laitiers ont aussi mené, à l'appel de la FDSEA 72, une action similaire dans un supermarché Carrefour du Mans. Des actions similaires étaient programmées vendredi à Nantes et à Vannes (Morbihan) et d'autres sont programmées samedi en région Centre. Selon la FNPL, les agriculteurs souhaitent "rétablir la vérité avec des affichettes dans les rayons où il y a soi-disant pénurie".
Déjà, dans une note conjoncturelle de juin dernier, le centre national interprofessionnel de l'économie laitière (Cniel) expliquait que "l'absence de certains produits en rayon est révélatrice de tensions entre certaines enseignes de la grande distribution et leurs fournisseurs".
"Il va falloir que la grande distribution tienne compte du juste prix"
"Dans un contexte de guerre des prix entre distributeurs, la majorité des centrales d'achats françaises refusent de procéder à des hausses tarifaires nécessaires. Le prix du beurre au consommateur a ainsi augmenté de 6% entre août 2016 et août 2017 en France selon l'Insee, quand dans le même temps il a augmenté de 72% en Allemagne", ajoutait le Cniel dans cette note.
"Il va falloir que la grande distribution tienne compte du juste prix. Chacun doit prendre ses responsabilités", a rappelé d'une manière générale le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, sur Radio-Classique ce vendredi, sans citer le beurre en particulier. "Aujourd'hui nous sommes arrivés au bout d'un cycle où chacun a bien compris que si l'agriculteur ne gagne pas sa vie correctement, il n'y aura plus d'agriculteurs", a-t-il ajouté.