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Un aimant à pétrole pour absorber les déversements

Le vendredi, 28 décembre 2018

Dans Environnement - Blog

Une équipe de l'Université de Calgary a mis au point une nouvelle « superéponge » capable d'absorber des déversements de pétrole, en magnétisant des nappes d'hydrocarbures qui flottent à la surface de l'eau.

Dans son laboratoire, Nashaat Nassar simule une marée noire en remplissant un récipient d’eau et de bitume.

 

 

Lecteur de texte :

L'ingénieur en chimie de l’Université de Calgary agite ensuite la solution. Il la saupoudre de particules de nitrure de bore, un composé chimique magnétique.

Ces particules sont hydrophobes. Elles n’aiment pas l’eau, elles aiment le pétrole.

Nashaat Nassar

Le chercheur passe ensuite un aimant enroulé de papier aluminium au-dessus de la mininappe de pétrole. Immédiatement, la flaque noirâtre se détache de la surface de l’eau et s’agglutine sur l’aimant qui la retient.

Nashaat Nassar est convaincu que cette technique pourrait permettre de diminuer la propagation de pétrole dans l'eau en cas de déversement.

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Les « superéponges », dépolluants de demain?

Observée sous un microscope, la substance dévoile ses propriétés poreuses. La poudre magnétique a des qualités absorbantes qui la classent dans la famille des « superéponges », de nouveaux procédés prometteurs qui piègent les hydrocarbures sans se gorger d’eau.

Les chercheurs s’intéressent à ce type de technologie dépolluante depuis la catastrophe écologique entraînée par l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique, en 2010.

Seth Darling, scientifique au laboratoire national d'Argonne, aux États-Unis, a quant à lui créé une « super-éponge » à l’aide de mousse de polyuréthane.

Une fois que cette dernière a absorbé le pétrole, « on peut l’essorer comme une éponge pour le récupérer », explique-t-il.

Si ces techniques font leurs preuves en laboratoire, elles doivent encore faire l'objet de tests en milieu naturel.

« Les importants déversements de notre histoire se sont déroulés dans des secteurs où il était extrêmement dur de récupérer le liquide noir », affirme Ian Stewart, historien des sciences à l'Université King's College d'Halifax.

En moyenne, il estime que de 5 à 15 % seulement du pétrole est ramassé au cours des opérations de nettoyage qui suivent un déversement.

« Si le déversement se produit dans une baie abritée où l’eau est très calme et qu'on dispose des technologies adéquates, alors le taux de récupération du pétrole peut être beaucoup plus important. Mais c’est très variable », ajoute-t-il en précisant que l’ampleur du déversement est également un facteur à prendre en compte pour apprécier l’efficacité des « superéponges » in situ.

À l’Université de Calgary, l’équipe de chercheurs a conscience des défis que représente la dépollution d’un océan. Mais sa découverte, peu chère à mettre au point et biodégradable, pourrait bien être une solution verte pour lutter contre les marées noires.

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