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Gilets jaunes : un appel à retirer son argent des banques samedi

Le vendredi, 11 janvier 2019

NOUVELLE ACTION - Des Gilets jaunes appellent à retirer de l'argent des banques afin de "faire peur" au gouvernement ce samedi. L'appel, lancé "sans violence", est de plus en plus populaire sur les groupes Facebook.

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"Nous allons, à l’acte 9, faire peur à cet État en toute légalité." Pour le neuvième week-end de mobilisation de Gilets jaunes, une action inédite pourrait bien avoir lieu. Les appels à "faire vaciller" le gouvernement en retirant massivement de l’argent des banques ce samedi 12 janvier se multiplient sur les groupes Facebook.

Le pire cauchemar des élus"

L’idée ne date pas d’hier. Depuis le début de la mobilisation, certains Gilets jaunes demandent sur les groupes à ce que chacun vide son compte en banque pour bloquer l’économie du pays. Sauf que les appels n’avaient jamais vraiment pris. Mais ce week-end, la donne pourrait bien changer. L’action a gagné en visibilité et est devenue un vrai succès depuis que Maxime Nicolle, alias Fly Rider, en a parlé dans son direct du 7 janvier. Il y appelle à "un référendum du percepteur" pour "retourner aux urnes mais aux distributeurs". Le principe ? Samedi matin, il faudra retirer une "somme d’argent maximum" des coffres-forts.

Un homme explique qu’il est "temps d’élargir le champ de nos actions" face à la "surdité" du gouvernement. Il estime que pour "faire peur" aux élus avec une "efficacité encore jamais atteinte depuis le début du mouvement", il faut passer par le fameux "référendum des percepteurs". 

Selon ce Gilet jaune, retirer son argent des banques est le "pire cauchemar" des élus. "Le référendum le plus direct qui puisse exister, qui ne comptabilisera non pas combien nous sommes, mais combien nous leurs avons fait perdre. Et ce sera colossal."

Une idée reprise le lendemain par Fly Rider. S’il ne s’attarde pas sur les conséquences économiques que l’action pourrait avoir, conseillant à chacun de se renseigner sur ce qui a déjà été dit, il voit en cette initiative un bon moyen de montrer son mécontentement sans se rendre dans la rue. "Si vous n’êtes pas d’accord, mais ne voulez pas manifester, (…) vous avez un pouvoir : celui de l’argent qu’il y a sur votre compte." Depuis cette vidéo, l’idée est propagée de façon assez significative sur les groupes. Plusieurs messages partagent l'initiative, atteignant souvent plus de 1500 "likes".

Un air de déjà vu

Le phénomène de retrait massif de liquidités à un nom : le "bank run". Il a déjà été observé plusieurs fois à travers l’histoire. Récemment, en Grèce, une limite de retrait en espèces avait été imposée en juin 2015 pour éviter une panique bancaire. Alors que le Premier ministre fraîchement élu, Alexis Tsipras, faisait peser sur le pays le risque de passer en défaut de paiement, le peuple s’était rué sur les distributeurs. 

Mais ici, la volonté délibérée de mettre en faillite les banques rappelle surtout "l’appel à la panique bancaire" d’Éric Cantona, le 7 décembre 2010. L’ancien footballeur expliquait dans un entretien vidéo, que "la révolution" devait se faire "dans les banques" : "Tu vas à la banque de ton village et tu retires ton argent. Et s'il y avait 20 millions de gens qui retirent leur argent, le système s'écroule. Pas d'armes, pas de sang, rien du tout." Une ressemblance qui est d’ailleurs relevée par certains Gilets jaunes, même si cet appel n’avait absolument pas eu l’effet escompté à l'époque. 

S’il est vrai que les établissements bancaires ne possèdent pas assez de liquidités pour répondre aux retraits de tous ses clients, et pourraient potentiellement faire vaciller le système bancaire à cause d'une pénurie de billets,  les Gilets jaunes ne devraient pas avoir cet impact. S’il est impossible de savoir combien de personnes répondront à l’appel, Les Décodeurs, montre en chiffres que même un million de Gilets jaunes ne suffiront pas à déstabiliser le système économique français. "Si, par exemple, 1 million de personnes retiraient 3 000 euros de leur compte en banque, cela ne représenterait somme toute que l’équivalent d’une semaine de retraits bancaires moyens. " Une donnée calculée d’après les chiffres de la Banque centrale européenne. Le "référendum du percepteur" ne devrait donc pas faire trembler les banques. Mais si les Gilets jaunes se rendent en nombre aux distributeurs, il sera encore la preuve qu'une organisation sur Facebook peut avoir du succès.

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