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VIDEO : "Ne donnez plus au Téléthon" : l'étonnante vidéo d’une myopathe

Le vendredi, 08 décembre 2017

Dans Santé / bien-être - Blog

Pascaline Wittkowski, atteinte de dystrophie musculaire, refuse que des expérimentations soient pratiquées sur des animaux. Elle réclame d’autres méthodes.

"Si vous voulez vraiment aider les malades, ne donnez plus au Téléthon."

Cette phrase ne barre pas la une du dernier "Charlie Hebdo" : c'est un appel tout à fait sérieux lancé par Pascaline Wittkowski ce jeudi 7 décembre, la veille de l’édition 2018 du Téléthon. Et la parole de cette quinquagénaire habitant Le Havre est investie d’un poids particulier.

Car Pascaline Wittkowski est atteinte depuis quarante ans d’une dystrophie musculaire, l’un des maux contre lequel le Téléthon récolte justement des fonds. Elle se déplace en fauteuil roulant et n’a aucune autonomie des membres supérieurs.

Dans une vidéo rendue publique par l’association de défense des animaux Peta France, elle dépeint les deux sentiments qui l'ont poussée à s’exprimer : la désillusion, parce qu’aucun traitement majeur contre la myopathie n’a été mis au point après des décennies de recherche scientifique ; la colère, parce que des millions d’animaux ont subi de la vivisection dans les laboratoires. "Pour rien" :

"Tant de recherches, aucune guérison. Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne suis pas un chien."

Ainsi, explique-t-elle, toutes les recherches de traitement contre la myopathie sont fondées sur des expérimentations pratiquées sur des chiens, des souris, des singes… Autant de créatures physiologiquement trop éloignées de l’humain pour donner des résultats concluants.

"Insoutenable massacre"

Voilà ce qui expliquerait, dit-elle à "l’Obs", que les avancées scientifiques sur la myopathie soient "un gâchis de temps, d’argent et d’espoir" pour les donateurs, les scientifiques et les malades.

"Et un insoutenable massacre d’animaux. Moi, je n’ai jamais demandé qu’on torture pour que je remarche, jamais ! Et je réclame à la communauté scientifique que cela cesse."

Le point de vue défendu par Pascaline Wittkowski peut paraître iconoclaste, voire provocateur. En réalité, il fait écho aux campagnes de nombreuses associations de défense des bêtes, comme Antidote Europe, organisme antivivisection proche de Peta France. André Ménache, son directeur :

"La communauté scientifique a fait un choix culturel à la fin du XIXe siècle d’expérimenter sur des animaux, parce qu’elle était convaincue que les similitudes entre les espèces animales et l’humain étaient plus importantes que ce qui les différencie. Un foie de chien n’était grosso modo qu’un foie d’humain en taille réduite. On sait aujourd’hui que c’est faux, alors pourquoi s’obstiner ? C’est comme si, pour guérir une girafe, on expérimentait sur un perroquet !"

Et l’ancien vétérinaire de donner cette statistique : "Selon la Food and Drug Administration [l’administration de la santé américaine, NDLR], neuf molécules qui ont réussi sur des animaux échouent une fois testées sur l’humain. 10%, c’est plus faible que de tirer à pile ou face !"

Meilleure volonté du monde

Alors que faire? Cesser toutes les recherches ? Ce que défendent Antidote Europe, Peta France et Pascaline Wittkowski, c’est de développer des méthodes alternatives respectueuses des animaux, notamment des expérimentations humaines.

"Il faudrait tester les traitements de manière très encadrée sur des personnes déjà malades, ou bien utiliser des tissus ou des cellules d’humains, insiste André Ménache. Ces méthodes sont désormais bien maîtrisées, même si elles restent perfectibles. Leurs résultats sont plus fiables, en tout cas, que ce qui se pratique actuellement."

Le problème, c’est que dans toute l’Europe, les réglementations imposent, pour obtenir une autorisation de mise sur le marché d’un médicament, que le fabriquant démontre les effets de ses molécules sur un rongeur et un non-rongeur. Il n’est donc pas légalement possible, avec la meilleure volonté du monde, de se passer de tests animaux.

Ce que tient d'ailleurs à souligner l’AFM-Téléthon, l'association organisatrice de la grand-messe caritative : dans un communiqué, celle-ci rappelle que la recherche animale est une "obligation réglementaire, strictement encadrée par des règlements européens et français".

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