Voyage pole nord 01

Il fait plus chaud au pôle Nord qu’à Londres : les scientifiques s’inquiètent

Le dimanche, 04 mars 2018

Dans Environnement - Blog

Avec des températures de 30°C au-dessus des normales, le Pôle Nord enregistre des records. Pour les experts, il s’agit d’un événement sans précédent, qui nécessite de revoir les modèles de changement climatique.

C’est le monde à l’envers. Alors que l’Europe grelotte, touchée par une vague de froid tardive, le pôle Nord a connu un pic de chaleur avec des températures 30 degrés au-dessus des normales saisonnières. Ce phénomène exceptionnel s’inscrit sur fond de réchauffement de l’Arctique.

Une inquiétante vague de chaleur au cœur de la nuit polaire de l’Arctique se répercute en Europe, dont les tempêtes hivernales poussent les scientifiques à revoir leurs prévisions les plus pessimistes sur le changement climatique.

Le pôle Nord restera plongé dans l’obscurité jusqu’en mars, mais dès février, une masse d’air chaud a fait grimper les températures en Sibérie jusqu’à 35 °C au-dessus des moyennes historiques. Au Groenland, la température a été supérieure à 0 °C pendant 61 heures depuis le début de l’année 2018 – soit plus du triple que d’habitude à cette date.

Le thermomètre a affiché jusqu’à -35 °C dans certaines régions du centre de la Russie ce dimanche, -12 °C en Pologne ou encore -10 °C dans l’est de la France. Pendant ce temps, le pôle Nord, plongé dans l’obscurité permanente de la nuit polaire, enregistrait des températures positives grâce à des vagues d’air doux.

Une remontée d’air doux de l’Islande vers le pôle Nord

Il s’est produit « une situation de blocage anticyclonique sur le nord de la Scandinavie (…) avec une remontée d’air doux de l’Islande vers le pôle Nord d’un côté et de l’autre côté de l’anticyclone, des descentes d’air froid de l’Oural et de la Russie occidentale vers l’Europe de l’Ouest », a expliqué ce mardi Etienne Kapikian, prévisionniste chez Météo-France. « Le pic de douceur sur le pôle Nord et la vague de froid sur l’Europe sont directement liés », poursuit-il.

D’après le météorologue, la température du pôle Nord d’environ zéro degré, selon les estimations obtenues par modélisation. Pour avoir une mesure plus précise, il faut aller à l’extrême nord du Groenland, où « on a relevé dimanche 6,2 °C », ajoute Etienne Kapikian. « C’est une valeur exceptionnelle, à peu près 30 °C au-dessus des normales de saison, voire 35 °C pour cette mesure très précise », poursuit-il.

 

S’il est exceptionnel, ce genre d’épisode s’est déjà produit par le passé mais il a tendance à se répéter. « Des températures positives près du pôle Nord en hiver ont été relevées quatre fois entre 1980 et 2010 (…). Elles ont à présent été relevées au cours de quatre des cinq derniers hivers », explique Robert Graham, climatologue à l’Institut polaire norvégien.

La fonte de la banquise se poursuit

« On a un hiver exceptionnel sur l’Arctique, l’hiver précédent l’avait déjà été et on ne prend pas trop de risque en disant que le suivant le sera. (…) La tendance de fond est très claire (…) c’est le réchauffement de l’Arctique », renchérit Etienne Kapikian.

 

Ces épisodes de hausse des températures ne sont en tout cas pas une bonne nouvelle pour la banquise, dont la surface n’a jamais été aussi réduite pour la saison depuis le début des mesures il y a plus de 50 ans. De façon plus globale, les climatologues estiment probable de voir l’océan Arctique libre de glace d’ici à 2050 pendant l’été.

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