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Frites, café, céréales : attention à l’acrylamide, substance cancérogène cachée dans nos aliments

Le jeudi, 07 mars 2019

Dans Santé / bien-être - Blog

Mercredi 6 mars 2019, les associations de consommateurs européennes alertent sur la présence d'une substance toxique et exigent des mesures contraignantes contre les industriels.

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Vous n’en avez certainement jamais entendu parler. Pourtant, l’acrylamide se cache dans de nombreux produits de grande consommation. Et sa présence n’est pas sans risque.

C’est l’alerte que lance, ce mercredi 6 mars 2019, le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc) qui fédère des associations dans toute l’Europe, comme l’UFC-Que choisir et la CLCV

« Cette substance chimique se forme naturellement dans les aliments riches en sucre et en amidon, lorsqu’ils sont cuits, frits et rôtis à plus de 120°C », explique à actu.fr Pauline Constant, responsable communication du Beuc. 

Dans les aliments pour bébés et jeunes enfants

On en retrouve donc dans les frites, les chips, les biscuits, le café, le pain grillé, les céréales et de nombreux plats transformés. Ce composé présente plusieurs dangers pour le consommateur. Depuis 2015, il est considéré comme cancérogène et reprotoxique par l’Efsa (l’Autorité européenne de sécurité des aliments), qui demande que sa consommation soit réduite au maximum.

Les associations de consommateurs ont décidé, après avoir analysé de nombreux aliments industriels en circulation dans leur propre pays, d’alerter la Commission européenne pour réclamer une meilleure protection vis-à-vis de cette substance. 

« Sur les 513 produits testés dans tous les pays de l’UE depuis septembre 2018, 13% de la nourriture pour bébés, 7,7% des chips et 6,3% des biscuits pour enfants sont au-dessus des normes », s’alarme le Beuc, dans une lettre (en anglais) transmise à l’institution européenne.

Pire, 63,6% des biscuits pour enfants de moins de trois ans dépassent la teneur maximale en acrylamide.

« Des taux encore trop élevés »

« Nous demandons que cette dernière soit abaissée, car les taux sont encore trop élevés », poursuit Pauline Constant. « Nous demandons surtout que des mesures contraignantes soient réellement mises en place. »

Dans les faits, rien n’oblige aujourd’hui les industriels à respecter les teneurs en acrylamide, malgré les risques

Pour Monique Goyens, directrice générale du Beuc : 

Tant que les mesures restent volontaires, certains fabricants ne prendront pas cette question au sérieux.

De plus, les consommateurs n’y voient que du feu, puisque cette substance n’apparaît jamais dans la liste des ingrédients. 

Il est possible de s’en passer

Cependant, de nombreux produits alimentaires testés présentent des taux bien inférieurs, voire quasi-inexistants d’acrylamide. Signe qu’il est possible de se passer de cette substance.

« Pour les aliments à base de pommes de terre par exemple, il suffit de choisir certaines variétés et réduire la durée du stockage pour respecter largement les normes », souligne Pauline Constant. Des industriels y sont sensibles et comptent faire des efforts. 

La Commission européenne a pour sa part pris note du rapport du Beuc et va engager prochainement des pourparlers avec les entreprises. 

les frites, les chips, les biscuits ou encore le pain grillé. Pour y parvenir, le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc) exhorte la Commission européenne à baisser les teneurs indicatives en acrylamide et à les rendre contraignantes pour les fabricants.

L'acrylamide, c'est quoi ?

 

L’acrylamide est une substance chimique qui se forme naturellement lorsqu’un aliment riche en amidon, comme les pommes de terre ou les céréales, est cuit, frit ou rôti à plus de 120°C. Sur base de tests en laboratoire qui ont démontré un lien entre l’acrylamide et le cancer chez les animaux, des scientifiques ont conclu que cette substance augmentait les risques de cancer chez les consommateurs, tous âges confondus.

 

 

Chips, pain, biscuits, café

En 2015, l’EFSA (l'Autorité européenne de sécurité des aliments) a conclu que l’acrylamide dans l’alimentation était un problème de santé publique. L’exposition des consommateurs à l’acrylamide passe par la consommation d’aliments industriels (tels que chips, pain, biscuits, café) mais aussi par les aliments fait maison (par exemple, lorsque l’on cuit des frites à plus de 175°C ou l’on laisser griller une tranche de pain trop longtemps). Le règlement européen sur l’acrylamide est entré en application en avril 2018.

Faire frire à une température basse

Les fabricants de l’agro-alimentaire, les chaînes de restauration rapide et les restaurants doivent s’assurer que les niveaux d’acrylamide présents dans leurs produits restent inférieurs aux seuils indicatifs fixés dans la loi. Par exemple, les techniques permettant de réduire l’acrylamide dans les produits à base de pomme de terre consistent à utiliser des variétés de pomme de terre qui favorisent moins la formation d’acrylamide, les stocker correctement, et les faire frire à une température basse.

 

Encore plus dans les chips de carottes

Dans un communiqué, le Beuc demande également à la Commission européenne de fixer des teneurs indicatives pour les chips de légumes. Les tests montrent qu’en moyenne, les chips de carottes, betteraves ou encore panais - souvent perçues comme des alternatives plus saines - contiennent deux fois plus d’acrylamide que les versions à base de pomme de terre.

Monique Goyens, directrice générale du Beuc, a commenté : "Ce test à l’échelle européenne démontre qu’il est possible de fabriquer des chips, frites ou céréales à faible teneur en acrylamide. Mais tant que ces mesures restent volontaires, certains fabricants ne prendront pas cette question au sérieux et les consommateurs pourraient toujours être exposés à des niveaux élevés d’acrylamide. Pour forcer les fabricants à faire davantage attention à cette substance nocive, la Commission européenne doit rendre les teneurs de référence contraignantes, comme nous l’avons répété maintes fois.

Les jeunes enfants "plus vulnérables"

"Beaucoup de parents donnent à leurs jeunes enfants des biscuits ou gaufres qui sont en priorité destinés à des enfants plus âgés ou des adultes. La Commission devrait donc proposer d’abaisser le seuil de référence d’acrylamide des biscuits classiques au niveau de celui des biscuits pour bébés. Cela permettrait de protéger de manière efficace les jeunes enfants, qui sont plus vulnérables aux effets de l’acrylamide en raison de leur faible poids corporel.

"Ce test révèle également que les chips de légumes ne sont pas aussi saines qu’elles en ont l’air. En attendant de fixer des limites obligatoires, la Commission devrait au minimum établir des seuils indicatifs d’acrylamide pour ces en-cas populaires afin de forcer les fabricants à minimiser la présence de cette substance toxique."

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