Seisme mineur magnitude 3 4

Simple coïncidence séisme mineur en Guadeloupe et IRMA entre les phénomènes météorologiques et les séismes ?

Le vendredi, 08 septembre 2017

Simple coïncidence ?

Un séisme mineur de magnitude 3.4 sur l’échelle de Richter a été enregistré le mercredi 6 septembre 2017 à 6h57 (heure locale) en Guadeloupe, alors que l’ouragan Irma (le plus puissant ouragan de l’histoire à toucher terre dans l’Atlantique) ravageait au même moment le nord des Petites Antilles françaises. S’agit-il d’une simple coïncidence ou y aurait-il un lien (aussi ténu soit-il) entre les phénomènes météorologiques et les séismes ?

Si cette hypothèse peut paraître farfelue de prime abord, la répétition et la quasi-simultanéité (parfois toute relative) d’événements similaires dans une même région donnée sont troublantes au point que de plus en plus de scientifiques se penchent sur le possible rôle des grands événements météorologiques dans le déclenchement de séismes (le long des zones côtières le plus souvent). Cette approche systémique des phénomènes a d’ailleurs été intégrée dans le plan Séisme aux Antilles adopté par le gouvernement français en janvier 2007.
De nombreuses études ont déjà démontré le lien qui existe entre la sismicité et le climat sur de longues périodes. À l’échelle de centaines de milliers d’années, les changements climatiques observés à l’échelle mondiale peuvent schématiquement conduire à deux situations extrêmes : les périodes froides, marquées par de grandes glaciations, où le niveau des océans est très bas et où une grande partie de l’eau est stockée sous forme de glace sur les continents — ces derniers s’affaissant alors lentement sous le poids des calottes glaciaires (on parle de subsidence isostatique) ; et les périodes chaudes, où l’eau est principalement stockée sous forme liquide dans les océans dont le niveau est au plus haut, et où ne subsistent que de rares glaciers sur les continents — lesquels connaissent alors un phénomène de rebond ou ajustement isostatique. Par ailleurs, l’augmentation du niveau de la mer se traduirait par une augmentation de la sismicité le long des zones côtières océaniques.
Les déséquilibres et déformations isostatiques associées directement ou indirectement aux changements climatiques ont donc des conséquences sismiques.

Seisme mineur magnitude 3 4

Des études plus fines montrent que la répartition des eaux à la surface de la Terre joue également, de par leur poids, un rôle non négligeable dans la sismicité de nombreuses régions. Aussi, des scientifiques ont-ils établi un lien entre la sismicité dans des régions montagneuses comme les Alpes par exemple et l’érosion des montagnes.

Des études scientifiques approfondies ont amené à reconsidérer cette question sous un angle nouveau et sur des périodes bien plus courtes.
Certaines d’entre elles ont déjà mis en évidence le rôle joué par les moussons sur la cyclicité des séismes en Himalaya. D’autres chercheurs ont remarqué que la majorité des séismes de magnitude supérieure ou égale à 5 survenus sur l’île de Taïwan et à Haïti depuis 50 ans ont été précédés par le passage de puissants ouragans. Certains d’entre eux suggèrent d’ailleurs que les passages successifs des ouragans Gustav, Fay et Hanna au niveau d’Haïti pourraient avoir précipité la survenue du séisme qui a ravagé le pays en 2010. Outre les grandes quantités d’eau qu’ils ont précipitées, ces ouragans ont provoqué une érosion accélérée des terrains meubles et provoqué d’importants mouvements de terrain : ajoutées les unes aux autres, ces petites modifications du poids exercé sur la faille de Léogâne pourraient ainsi avoir accéléré sa rupture.
Par ailleurs, lors de ces événements météorologiques majeurs, de l’eau pourrait s’infiltrer profondément dans le sous-sol jusqu’au niveau des failles, et jouer ainsi le rôle de lubrifiant facilitant la rupture et donc la survenue de séismes.

Une autre influence de ces phénomènes météorologiques — encore peu étudiée et parfois sous-estimée — pourraient être les variations de la pression atmosphérique et ses conséquences directes et indirectes sur le substratum survolé.
On sait déjà depuis longtemps que la variation de la pression atmosphérique a un effet direct sur la hauteur du niveau de la mer. Une baisse de 1 hPa de la pression atmosphérique se traduit, à température constante, par une hausse du niveau de l’eau de 1 cm. [On peut d’ailleurs s’interroger sur l’évolution de la pression atmosphérique et son rôle dans les régions du monde où le niveau de la mer s’élève depuis plusieurs décennies.]
Les cyclones déplacent de grands volumes d’eau (sur de grandes distances et parfois sur de grandes profondeurs) à l’avant notamment et sur leur pourtour (houle cyclonique), mais également à l’aplomb du cœur du vortex où la pression est la plus faible (phénomène de succion de la surface de l’eau). Comme on le sait depuis les années 1990, la Terre subit aussi l’influence des marées, puisque les plaques du manteau terrestre, bien que solides, sont élastiques et déformables, et de ce fait se déplacent comme le niveau des océans. Les marées terrestres, comme on les appelle, sont capables de déclencher des tremblements de terre de forte magnitude. On peut donc supposer que le déplacement de grands volumes d’eau (i.e. la propagation d’ondes océaniques associée à des variations de la pression sous-marine) lors du passage d’un puissant ouragan au-dessus ou à proximité d’une faille sismique peut exercer un rôle dans le déclenchement d’un séisme.

Alors le séisme de faible magnitude enregistré sur la côte nord-orientale de Basse-Terre en Guadeloupe le 6 septembre dernier est-il dû au hasard, ou est-il une conséquence indirecte du passage de l’ouragan Irma ? La planète étant un système complexe où de multiples interactions (parfois insoupçonnées) existent entre les éléments qui le constituent, gageons que la science pourra élucider cette énigme dans un proche avenir…

 

 

Source : www.geoclimat.org

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