La polémique enfle sur le Web autour du licenciement de l'employé de TF1

 

AFP/JOEL SAGET
Le siège de TF1 à Boulogne-Billancourt.

Le Web n'a pas tardé à s'emparer de la malheureuse histoire du responsable du pôle innovation Web du site TF1.fr, Jérôme Bourreau-Guggenheim, licencié pour avoir envoyé un mail privé à sa députée dans lequel il critiquait le projet de loi Création et Internet, sur le téléchargement illégal. Depuis mercredi 6 mai, date à laquelle l'information a été dévoilée par Libération, l'histoire rebondit sur la Toile comme une patate chaude entre Hémicycle, ministère et direction de TF1. Pour le plus grand bonheur des internautes.

Car la polémique autour de cette affaire de "relations incestueuses entre le pouvoir et la chaîne de Bouygues", comme le déclare le syndicat SNJ-CGT de TF1, embarrasse et agace. TF1 a finalement décidé jeudi dans la journée de sortir de son silence en publiant un communiqué expliquant les raisons du licenciement de son employé : ce dernier aurait "publiquement à plusieurs reprises" pris des positions "particulièrement radicales", et "contraires aux déclarations officielles du groupe TF1, notoirement en faveur de cette loi". L'entreprise "déplore d'avoir été contrainte de mettre sur la place publique une décision qui concerne l'un de ses collaborateurs dans une affaire strictement interne".

"QUI A TUÉ BOURREAU-GUGGENHEIM ?"

Elle ne croit pas si bien dire : publié dans la section "pro" du site, ce communiqué a amené de nombreux internautes à réagir sur le site, où les questions sur le licenciement de M. Bourreau-Guggenheim ont fusé : la réponse de TF1 à la question "Bonjour pouvez-vous expliquer le licenciement de Mr. Jérôme Bourreau-Guggenheim ?" a ainsi été vue plus de quinze mille fois vendredi, par des internautes, pour le moins remontés, contre la chaîne au vu des commentaires.

Mais, ne cherchez pas, de commentaires il n'y a point : les modérateurs ne laissent pratiquement rien filtrer. En effet, depuis la mise en ligne de la réponse du groupe, on assiste à une bataille rangée entre modérateurs du site et internautes anti-Hadopi, devenus par extension anti-TF1. Ces derniers harcèlent littéralement la section de commentaires vengeurs, que l'on peut lire sur différents blogs qui reprennent quelques copies d'écrans et citations. D'autres y voient un dangereux parallèle avec les pires heures de notre histoire, et se fendent de billets au titre pour le moins évocateur : "Hadopi, de Vichy à TF1...". La ministre de la culture, Christine Albanel, dont plusieurs billetistes et associations demandaient déjà la démission avant même cette affaire, n'est pas exempte de critiques.

Sur Twitter, les commentaires fusent également et l'incontournable Facebook recense plusieurs groupes, dont un intitulé "Soutenons Jérôme, viré par TF1 pour ses critiques contre HADOPI" - lancé jeudi en milieu de journée - fort de plus de quatre cents membres, essentiellement à charge contre TF1. D'autres y voient l'occasion d'envoyer à TF1 leur lettre de motivation pour prendre la place de cadre de Jérôme Bourreau-Guggenheim, désormais vacante : "Oui, je crois fermement à l'émergence d'un modèle d'avenir pour le Web, modèle qui sera plus responsable, plus respectueux des droits patrimoniaux des artistes et de leurs vecteurs promotionnels, mais aussi plus ouvert aux messages civiques émanant de la puissance publique ou de firmes garantes de l'intérêt général, comme l'est TF1", écrit ironiquement le candidat. Enfin, certains internautes ont mis au point une chanson, "Qui a tué Bourreau-Guggenhem ?", spécialement écrite pour l'occasion, écoutable gratuitement, et déposée à la Sacem, comme il se doit !

Olivier Dumons
Source : Le monde

Date de dernière mise à jour : vendredi, 02 juillet 2021

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