Chez Mim, 791 emplois supprimés

La justice a prononcé la liquidation de l’enseigne de mode à petits prix. Le projetde SCOP porté par certains employés n’a pas été retenu.

Mim

Mim disparaît en laissant près de 800 salariés sur le carreau. Le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a ordonné, mercredi 26 avril, la liquidation judiciaire de l’enseigne de mode à petits prix. Le tribunal a estimé que « la société Mim a continué à générer un niveau de pertes très important, incompatible avec toute perspective de rétablissement d’une profitabilité ». La fermeture immédiate des 162 boutiques de la société doit entraîner la suppression de 791 emplois en CDI.

Fin mars, le tribunal avait déjà prononcé une liquidation partielle de Mim et validé l’offre de reprise partielle formulée par l’enseigne suisse Tally Weijl, en association avec le français Etam. Ces deux sociétés se sont engagées à reprendre 71 points de vente sur les 233 magasins en propre (et 90 affiliés) présents dans toute la France. Dans ce cadre, elles ne gardent que 287 salariés, laissant leurs 791 collègues dans l’incertitude.

Entre espoir de survie et douche froide

Les employés de Mim sont soumis – depuis novembre 2016 et la mise en redressement judiciaire de la société – à un régime qui oscille entre espoir de survie et douche froide. Plusieurs offres de reprise ont été faites, sans jamais aboutir. En particulier celle présentée par La Compagnie de Clémenty, qui avait été largement soutenue par les salariés, car elle devait ne licencier « que » 65 personnes. Mais les garanties financières exigées par les juges n’ont pas été remplies.

Pour les salariés non repris par le tandem Tally Weijl-Etam, une date butoir avait été fixée au 18 avril, avec une audience au tribunal de commerce de Bobigny durant laquelle l’administrateur devait demander la mise en liquidation judiciaire de la société. Ce jour-là, le tribunal a annoncé qu’il prorogeait cette décision au 26 avril.

Le temps de laisser à la dizaine de salariés de Mim porteurs d’un projet de reprise en société coopérative ouvrière et participative (SCOP) de consolider leur proposition. Mais le projet n’a pas fait l’unanimité. Lancée par deux dirigeants de Mim qui ne l’ont pas présentée à l’ensemble des équipes, l’idée n’a pas suscité une adhésion suffisante en interne.

« Le vrai problème, c’était la gestion de Main Asia »

 

Le projet de SCOP consistait à reprendre le périmètre de Mim non racheté par Tally Weijl et Etam, que les promoteurs de l’idée de coopérative jugeaient, malgré tout, viable. Selon Isabelle Velila, déléguée du personnel du syndicat SECI-UNSA, la SCOP devait « permettre de sauver [jusqu’à] 550 emplois, sur les 791, et 120 magasins ».

Le secrétaire d’Etat à l’industrie, Christophe Sirugue, avait également assuré le président du tribunal de commerce que l’Etat était « prêt à s’engager pour soutenir » le projet, « en examinant sans délai l’octroi d’un prêt du Fonds de développement économique et social ».

Fondée en 1976, la chaîne de prêt-à-porter féminin, devenue, en 2003, filiale à 100 % du britannique New Look, avait été revendue en 2014 à un hongkongais, Main Asia. Ces rachats successifs s’étaient traduits par une dégradation de sa situation financière, dans un contexte morose pour le secteur de l’habillement. En 2016, Mim a affiché 9 millions d’euros de pertes, pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 150 millions. Sa dette atteint 60 millions d’euros.

« Aberrant d’en être arrivés là »

« Le projet de SCOP avait toutes les chances de réussir et d’être rentable, car Mim n’a besoin de personne pour commercialiser, il a le réseau, explique Eric Scherrer, président du SECI-UNSA. Le vrai problème, c’était la gestion de Main Asia, qui a laissé le monopole à un fournisseur unique. Mim achetait son stock 25 % plus cher que le marché. » Dans le cadre de la SCOP, les salariés avaient trouvé cinq fournisseurs prêts à travailler avec eux et « à payer le prix du marché », ajoute M. Scherrer, qui se dit « révolté qu’on ne laisse aucune chance à ce projet ».

Pour les salariés, c’est la perspective d’un licenciement par le biais d’un plan de sauvegarde de l’emploi qui se dessine. Au terme de cette procédure, les salariés devraient recevoir 2,6 millions d’euros, soit environ 3 600 euros par personne. A cela devraient s’ajouter près de 2,2 millions d’euros débloqués par l’Etat, pour accompagner le reclassement du personnel.

« Une amertume règne dans l’entreprise, raconte Me Justine Candat, l’avocate des salariés de Mim. Les employés trouvent aberrant d’en être arrivés là. Même s’ils sont soulagés de pouvoir enfin réfléchir à leur avenir. »

 


Textile : 800 emplois menacés chez Mim par francetvinfo

Source : Le Figaro, France info

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