En 2002, à la suite de la montée du FN lors de l'élection présidentielle2, il quitte sa carrière d'enseignant pour créer l'université populaire de Caen où il délivre pendant treize ans un cours intitulé « contre-histoire de la philosophie » retransmis sur France Culture. Sa portée médiatique est renforcée par des interventions régulières en TV ou radio où il s'exprime au sujet de débats politiques et sociaux. Michel Onfray est un auteur fécond avec plus de quatre-vingts ouvrages publiés. Sa pensée est principalement influencée par des philosophes tels que Nietzsche et Épicure, par l'école cynique, par le matérialisme français et par l'anarchisme proudhonien3.
Jeunesse
Né d'un père ouvrier agricole4 et d’une mère femme de ménage abandonnée bébé puis placée à l'Assistance publique5,6, Michel Onfray est « pris en charge » de l'âge de dix ans à celui de quatorze dans un pensionnat catholique tenu par des prêtres salésiens à Giel dans l'Orne qu'il décrit comme un lieu de souffrance — « Je fus l'habitant de cette fournaise vicieuse » — dans la préface d'un de ses ouvrages, La Puissance d’exister et, également, de manière courte dans la préface de son Crépuscule d'une idole, l'affabulation freudienne7.
En 1979, il devient stagiaire journaliste à la rédaction d'Argentan d'Ouest-France pour financer ses études8. Il y reste jusqu'en 19828.
Il envoie son premier livre, consacré à la figure oubliée du philosophe nietzschéen Georges Palante, à un petit éditeur d'Ille-et-Vilaine14.
En 1987, à vingt-huit ans, il frôle la mort lors d'un infarctus. Sa rééducation au côté d'une diététicienne impitoyable, qui lui prédit sa fin prochaine s'il persiste à se régaler de confits et de gâteaux au chocolat, est à l'origine de son deuxième ouvrage, Le Ventre des philosophes, publié en 1989 par l'intermédiaire de Jean-Paul Enthoven chez Grasset (dans la collection « Figures » que dirige Bernard-Henri Lévy)14, dans lequel il s'intéresse aux passions et phobies alimentaires de ses auteurs favoris15. Quelques années plus tard, il contracte une infection en Mauritanie qui provoque un AVC qui l'empêche d'écrire et provoque un nouvel accident cardiaque quelques jours plus tard (syndrome de tako-tsubo)16.
Il obtient en 1993 le Prix Médicis essai pour La Sculpture de soi. La morale esthétique. En 1991, il intègre le comité de rédaction de La Règle du jeu, la revue que vient de créer Bernard-Henri Lévy dans laquelle il publiera six articles. Il quitte celle-ci en 1998 alors qu'elle change de formule. Il affirmera n'être « allé que deux fois » au comité de rédaction et ne pas s'y être senti « du tout à [sa] place ». Plus globalement, il estime s'être « fait instrumentaliser par Grasset » et avoir été traité « comme un fantassin de l'équipe BHL », avouant n'être « pas fier » de cet épisode14. Son ouvrage sorti en 1995, La Raison gourmande, lui permet d'avoir sa première apparition médiatique dans Bouillon de culture17,18.
Enseignant
Michel Onfray enseigne la philosophie au lycée technique privé catholique Sainte-Ursule de Caen14 de 1983 à 2002. Il critique l’enseignement de la philosophie tel qu’il est dispensé par l'Éducation nationale, qu’il juge limité à la transmission d'une histoire de la philosophie officielle et conforme à l'ordre social, plutôt que de se donner pour but d’apprendre à philosopher, vision contestée par de nombreux enseignants en exercice dans le secondaire. Il est aussi excédé par la dimension administrative et « policière » de sa profession (faire l'appel, noter les élèves). Il démissionne en 2002 de Sainte-Ursule pour créer l’université populaire de Caen. Il en écrit le manifeste en 2004 : La Communauté philosophique.
Université populaire de Caen
Pour donner une suite au choc du « 21 avril » 2002 (Jean-Marie Le Pen accède au second tour de l'élection présidentielle française), Onfray cherche à répondre à ce qu'il qualifie de nécessité d'éducation collective — qu'il veut libertaire et gratuite — et « crée l’université populaire pour lutter contre les idées du Front National à l’aide la philosophie : analyser, penser, réfléchir »2. Faisant le choix délibéré de la province, il l'implante à Caen, dans sa région d'origine, où il organise chaque année le séminaire de philosophie hédoniste19, qui constitue le corps de son projet de contre-histoire de la philosophie.
S'opposant à l'enseignement universitaire traditionnel et institutionnel de la discipline, il en affirme le caractère peu philosophique et essentiellement historique au fil de ses conférences. L'essentiel des reproches qu'il adresse aux philosophes institutionnels tient au fait que ceux-ci ne liraient pas les textes dont ils parlent et se contenteraient de faire des synthèses de publications antérieures, en citant des erreurs factuelles, de date par exemple, reprises d'article en article ou de manuel en manuel. Ce faisant, Onfray propose un enseignement renouvelé passant par la lecture des auteurs plutôt que par ce qu’on en a dit (et en dépit de ses bibliographies plutôt étoffées[réf. nécessaire]).
L'université est organisée par l'association loi de 1901Diogène & Co, qui n'a aucun adhérent. Son bureau est constitué de Micheline Hervieu, ancienne libraire d'Argentan, et de François Doubin, ancien ministre radical de gauche sous François Mitterrand et ancien maire d'Argentan. Son budget est d'environ 80 000 euros par an, provenant uniquement de subventions publiques jusqu'au début des années 2010. Le Conseil régional de Basse-Normandie ayant demandé à l'association de disposer de ressources propres, celle-ci a développé les ventes de produits dérivés. D'après Nicolas Chevassus-Au-Louis, cette association « ne joue aucun rôle dans le fonctionnement de l’association. De fait, seul Michel Onfray et ce qu’il appelle « sa garde rapprochée » formée de vieux amis normands, dirigent l’université populaire de Caen (en particulier dans le choix, par cooptation, des nouveaux enseignants), hors de toute procédure formalisée »14.
Le succès de l'université populaire conduit Michel Onfray à augmenter sensiblement ses passages dans les émissions des radios et télévisions, passant d'une vingtaine d'apparitions par an au mieux avant 2002, à une apparition minimum par semaine depuis14.
Michel Onfray a également lancé en 2006 l’université populaire du goût (UPG) à Argentan, avec pour objectif initial de proposer une éducation à la gastronomie. Après 2012 et un conflit entre Michel Onfray et certains de ses collaborateurs, l'UPG devient finalement « une succession d’événements-spectacles, bien éloignés de l’esprit originel » selon Nicolas Chevassus-Au-Louis. Elle s'est également délocalisée à Chambois, village natal de Michel Onfray14.
Conceptions philosophiques
Michel Onfray est de ceux qui estiment qu'il n’est de philosophie sans le bénéfice de la sociologie, des sciences et sciences humaines : « Un philosophe pense en fonction des outils de savoir dont il dispose, sinon il pense en dehors de la réalité. »
Ses écrits traitent de l'hédonisme, des sens, de l'athéisme. Le philosophe s'inscrit dans la lignée des penseurs grecs célébrant l'autonomie de pensée et de vie. Prônant un athéisme sans concession, il considère que les religions sont indéfendables, car elles sont des outils de domination et coupent de la réalité du monde. Michel Onfray se déclare pourtant « athée chrétien », dans la mesure où il reconnaît l’héritage culturel judéo-chrétien de l'Europe, indépendamment de ses convictions philosophiques. « Je suis un athée chrétien, car il y a un athéisme qui relève de la sphère chrétienne, parce que l'Europe relève de la sphère chrétienne. »24.
Chroniqueur et éditeur
Michel Onfray tenait une chronique dans l'hebdomadaire satirique Siné Hebdo créé par le dessinateur Siné25,26 et publié de 2008 à 2010. En revanche sa signature ne paraît plus dans Siné Mensuel, qui a pris la suite de l'hebdomadaire en septembre 2011.
Il dirige la collection La Grande Raison aux éditions Grasset–Mollat27.
Le vrai courage c’est, au-dedans de soi, de ne pas céder, ne pas plier, ne pas renoncer. Être le grain de sable que les plus lourds engins, écrasant tout sur leur passage, ne réussissent pas à briser. (Jean-Pierre Vernant, 2004)
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